Quand Andrea Lopez est partie de sa petite communauté éloignée de la région amazonienne de l’Équateur pour faire ses études, sa famille l’a priée de ne pas revenir. « Il n’y a pas d’avenir en campagne », s’est-elle fait dire.
Mais Andrea est bel et bien revenue avec l’intention de bâtir un nouvel avenir.

Andrea est la cofondatrice de Witoca, une entreprise de café artisanal qui s’est donné la mission de faire connaître au monde les grains de café équatorien Robusta. Ce produit de haute qualité est cultivé en permaculture à l’aide de méthodes écologiques traditionnelles et peut être vendu à un juste prix par les agriculteurs. Experte qualifiée et certifiée de la qualité du café, Andrea est aussi investie d’une autre mission : d’une part, montrer aux autres agriculteurs et aux enfants de la région qu’un avenir économique est possible dans leur propre communauté, et d’autre part, démontrer (particulièrement aux filles) qu’on peut être un leader dans sa communauté et dans le monde du café.

Andrea, qui a des origines autochtones kichwa du côté de sa mère, a quitté son foyer rural pour fréquenter l’école secondaire à une heure du village de Puyo. Excellente élève, elle a décroché une bourse universitaire pour étudier en finance. À sa sortie de l’université, elle a travaillé pour un institut de recherche culturelle pendant quatre ans jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce qu’elle voulait vraiment, c’était retourner chez elle et améliorer la situation des communautés amazoniennes.

À l’université, Andrea avait rencontré son compagnon de vie et futur partenaire d’affaires, Fabio Legarda. Celui-ci a suggéré que le couple se lance dans le café pour offrir de nouvelles perspectives aux membres de la communauté. Or, bien que son grand-père fût un ancien cultivateur de café, Andrea en connaissait très peu sur le métier. Elle s’est donc lancée corps et âme dans la recherche : lectures sur Internet, discussions avec des agriculteurs et, par la suite, inscription à un programme de formation gouvernemental.

Aujourd’hui, Andrea est dégustatrice. Depuis 2018, elle est formée et agréée par le système internationalement reconnu d’évaluation du café Q-Grading – la première femme dégustatrice de la région à obtenir le titre de « Q-Grader ». Les Q-Graders comme Andrea sont des sommeliers du café. Ces spécialistes évaluent des facteurs tels que l’arôme, le goût et la couleur des cafés torréfiés, les décrivent à l’aide d’une terminologie universelle commune et leur attribuent un score de qualité qui sera accepté par les acheteurs de café partout dans le monde.

Les femmes jouent un rôle crucial dans le domaine de la caféiculture, car elles s’occupent des caféiers tous les jours. Or, comme c’est trop souvent le cas, elles ne récoltent que peu de retombées économiques et sont exclues de la prise de décisions, et ce, même si elles accomplissent la majorité du travail. Ce phénomène se produit aussi dans les plantations de café traditionnelles de la région amazonienne de l’Équateur. Voilà pourquoi l’un des objectifs d’Andrea avec le projet Witoca est d’aider localement les femmes à approfondir leurs connaissances et à acquérir de la confiance en elles en tant qu’agricultrices et entrepreneures.

a man holding a large knife in his hand
a close up of some fruit on a tree
a woman in a blue dress walking through a field

« Les femmes commencent à faire entendre leur voix, explique Andrea. Par le passé, ce n’était pas la norme. On ne donnait pas la chance aux femmes de participer. Mais il y a beaucoup de femmes dans le secteur du café. Surtout dans le café de qualité, où on voit qu’elles jouent un rôle important. »

À titre de cofondatrice de Witoca, Andrea est un modèle pour les femmes et les filles de la région, en leur montrant ce qu’elles peuvent réaliser. Et elle croit que si Witoca veut offrir un produit de haute qualité et devenir une entreprise prospère, il est essentiel d’impliquer les femmes.

« Le souci du détail, la qualité, la rigueur à chaque étape du processus – ces éléments sont tous garantis lorsqu’il y a des femmes impliquées », insiste-t-elle.

Lorsque Witoca sera prospère et qu’elle générera plus de retombées dans la région, la participation des femmes sera aussi essentielle pour que ce succès se traduise par une véritable richesse et une réelle croissance pour les communautés.

« Les nouveaux revenus qui proviennent de la qualité doivent aussi parvenir aux mains des femmes, car ce sont elles qui vont investir dans leur famille. »

Andrea n’est pas la seule à le penser. Les recherches menées dans les communautés vulnérables du monde entier ont confirmé que quand les femmes gagnent un revenu, elles investissent 90 pour cent de celui-ci dans leur famille pour assurer la santé et l’éducation de leurs enfants – garçons et filles. De plus, les études démontrent un effet multiplicateur : quand on donne à une femme les moyens de se sortir de la pauvreté, elle entraîne au moins quatre autres personnes avec elle.

Pour l’instant, Andrea et Fabio se consacrent à renforcer les capacités de Witoca dans tous les segments de la chaîne de valeur.

« Il est important que les enfants de la communauté voient que le café n’est pas seulement récolté et expédié, mais qu’il est aussi traité, goûté, servi localement. Ils pourront alors s’imaginer faire partie du processus et rêver de travailler dans différents secteurs de la production », souligne Andrea.

Petit à petit, ces enfants arrivent à envisager un avenir où il n’est pas nécessaire de quitter sa communauté.

« Ça prend du temps pour que l’effet soit visible, mais il est là, il fait son chemin jusqu’aux nouvelles générations. »

Les femmes derrière chaque tasse de café
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